CW : Santé mentale, suicide, donc flag NSFW

2-3 extraits,

L’épisode le plus traumatisant a été, de très loin, l’hospitalisation en pédopsychiatrie, dans un service prétendument « sécurisé » où la jeune fille a fait une fugue et une tentative de suicide.

Le quotidien y est fait d’ennui, « soi-disant thérapeutique », rapporte Lily. Yaël n’y a bénéficié d’aucune psychothérapie, assure sa mère. Le soin se limitait essentiellement à de brèves visites des psychiatres, souvent entourés d’une nuée d’internes et d’infirmières, et à la prise de médicaments : un antidépresseur pendant un mois, puis un traitement contre la schizophrénie, « qui n’avait aucun rapport avec ses troubles. Elle ne le supportait pas : elle était confuse, fatiguée, mais elle a dû le prendre pendant neuf mois ».

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Avec des moyens adéquats, il est pourtant possible de prendre en charge efficacement les enfants et les adolescent·es qui évoluent dans cette zone périlleuse, celle du passage à l’acte suicidaire, affirment tou·tes les psychiatres interrogé·es. « La littérature scientifique est suffisamment abondante, assure la professeure Ouss. Des psychothérapies longues, des consultations très régulières, des prises en charge pluridisciplinaires par des médecins, des infirmières ou des orthophonistes permettent aux enfants et aux adolescents d’aller mieux. »

Les rapports s’empilent, comme celui de la Cour des comptes en 2023 qui estime que « 13 % environ des enfants et adolescents présentent au moins un trouble psychique ». Pour les prendre en charge, il ne reste plus que 597 pédopsychiatres, dont la moyenne d’âge est de 65 ans. Leur nombre est en chute libre, en baisse de 34 % entre 2010 et 2022.

[…]

Le Dr Blanchard explique ainsi la hausse si forte du passage à l’acte suicidaire chez les jeunes filles : « Des études montrent qu’il y a une corrélation entre les gestes auto-infligés et la fréquentation des réseaux sociaux. Ils créent un cadre très normatif de la féminité, encouragent les comparaisons permanentes, abîment l’identité et l’estime de soi. Les adolescentes que je vois en consultation portent un regard sur elles impitoyable, elles sont dans un processus d’autodénigrement insupportable. L’exigence de la performance scolaire pèse aussi : je vois des refus scolaires anxieux par des ados rongées par l’angoisse. Elles ne dorment plus, se lèvent à 4 heures du matin pour réviser, elles se consument littéralement. »

Mais le psychiatre se dit plus inquiet encore pour les garçons : « Ils s’isolent, en s’enfermant dans les jeux en ligne. Ils vivent la nuit, consomment beaucoup de stupéfiants. Ils sont dans un déni, c’est difficile de mettre en place avec eux un projet de soins. » Chez les filles, les passages à l’acte, souvent « très visibles », sont au contraire un appel à l’aide qui permet une entrée plus aisée dans les soins.

  • Syl ⏚@jlai.luM
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    5 months ago

    Le soin se limitait essentiellement à de brèves visites des psychiatres, souvent entourés d’une nuée d’internes et d’infirmières, et à la prise de médicaments

    ça sert à quoi de faire ce genre de métier si c’est pour mal le faire…

    et donc désert de la profession aussi de ce côté là… on est bien parti.

    • troglodyte_mignon@lemmy.world
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      5 months ago

      J’ai déjà entendu plusieurs de fois ce genre d’histoires, et c’est même arrivé à quelqu’un d’assez proche de moi. Quand j’étais ado, j’ai eu une amie (mineure !) qui a vécu quelque chose de similaire pendant plusieurs années. À la suite d’une période de mal-être et de phobie scolaire, elle a vécu plusieurs hospitalisations (« séquestrations » selon ses termes) plus ou moins forcées où elle ne faisait que s’ennuyer à mort, une impression générale d’être déshumanisée, et surtout prescription de neuroleptiques avec des effets secondaires absolument horribles, qui semblaient lui faire plus de mal que de bien. Elle a fini par arrêter les neuroleptiques d’elle-même, contre l’avis des psychiatres qui s’occupaient d’elle… et est allée magiquement mieux, quasiment du jour au lendemain, mais elle est restée traumatisée par l’expérience. J’ai perdu contact depuis des années, mais avec le recul, je me demande même si elle ne faisait pas carrément du PTSD. Elle disait qu’elle faisait des cauchemars et avait régulièrement des crises de panique en y repensant, mais refusait de voir un professionnel pour en parler parce qu’elle avait peur qu’on l’enferme encore contre son gré.

      Selon ses dires, les psychiatres et soignants qui s’occupaient d’elle étaient incapables de se remettre en question, et considéraient que quand elle n’était pas du même avis qu’eux, c’était juste une manifestation de la maladie, pas un avis légitime qui devait influer sur son traitement.

      Je serais curieuse de savoir à quel point ce genre d’expérience est courant. On dirait qu’il n’y a aucun contrôle, aucun garde-fou pour protéger les patients dans ces cas-là. J’imagine que le fait qu’elle était mineure jouait aussi.

  • Որբունի@jlai.lu
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    5 months ago

    Déjà avant le COVID et que ça serve comme excuse pour tout, de ce que j’ai vu en psychiatrie pour adultes en rendant visite à des gens, ça fait peur, c’est plus la prison que l’hôpital.

    Après faudra pas se plaindre d’avoir une hausse brutale de la criminalité, des massacres dans les écoles et une proportion grandissante de gens suffisamment malades mentalement pour ne pas pouvoir vivre décemment (inemployables, pas d’études, etc.)

    Mais ce sera juste un prétexte pour plus de moyens pour une répression violente, c’est plus rentable que la prévention pour l’industrie de l’armement et un régime glissant vers le totalitarisme.